[Harris, Eddy L.] Confession américaine
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[Harris, Eddy L.] Confession américaine
Confession américaine (House of Lies, American Confessional)
Auteur : Eddy L. Harris
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Grace Raushl
Éditions : Liana levi (3 Octobre 2024)
ISBN : 979-1034909780
96 pages
Quatrième de couverture
Pourquoi et comment n’a-t-il rien vu venir ? C’est la question que se pose Eddy L. Harris le jour où, à 60 ans, alors qu’il regarde un jeu télévisé inepte chez une amie, il prend soudain conscience que depuis toujours son pays d’origine a abusé de sa confiance. Depuis sa plus tendre enfance il a gobé les mensonges servis par les dirigeants politiques, les enseignants, les prêcheurs de tous bords… Lui, ses parents, et la majorité des Américains ont cru à une image faussée de leur pays, sans se rendre compte qu’ils étaient manipulés. Alors Eddy décide de remonter cette route pavée de mauvaises intentions afin de mettre au jour les racines du mal. Chemin faisant il s’interroge sur ses origines, sur son lien à ce pays natal où il ne vit plus depuis trente ans et sur ses choix de vie.
Mon avis
Eddy L. Harris, écrivain américain, est installé en France, dans un village charentais depuis bientôt vingt ans. J’ai eu la chance de le voir, une vraie rencontre, où on échange, on partage, on s’écoute en confiance.
Quand je lui ai demandé s’il retournait souvent « chez lui » (sous-entendu aux Etats-Unis), il m’a regardée et a répondu « chez moi ? c’est ici chez moi, les habitants du village m’ont adopté et je les ai adoptés » et puis un silence…. « je repartirai pour voter, il le faut ».
Ce n’est pas parce qu’il réside en France, que cet homme est détaché de ce qui se passe et se vit de l’autre côté de l’océan. C’est peut-être, justement parce qu’il a du recul, qu’il peut voir de haut et de loin, qu’il a la possibilité d’analyser et d’essayer de comprendre comment les citoyens américains ont pu être manipulés par les hommes politiques.
Dans ce court, mais complet et édifiant, essai, l’auteur avec une écriture précise, documentée, pointue (merci à la traductrice) revient dans le passé. Il nous emmène avec lui, on entrevoit une part du vécu de sa famille, ses parents, son parcours personnel. Ce en quoi il a cru, ce qui l’a déçu, mis en colère, bouleversé …. Certains se taisent, font l’autruche…
« Nous nous rendons coupable par notre silence complice, notre propension à aller de l’avant en suivant le mouvement, notre péché d’ignorance et de déni. »
Mais d’autres, comme lui, refusent le silence. Son texte est fort, puissant, édifiant, intéressant. Eddy L. Harris entre en résistance, ouvre les yeux de ceux qui le lisent. Il nous démontre, avec des exemples précis, pourquoi il a le sentiment que les Etats-Unis ont perdu pied, pourquoi il n’a plus sa place là-bas, en quoi la couleur de peau peut poser problème. Il s’interroge, se questionne. Y-a-t-il possibilité de discussion, de réconciliation entre toutes les ethnies ? Les habitants sont-ils prêts pour un espace d’unité véritable ?
Ce livre est exceptionnel comme l’homme qui l’a rédigé. Il a mis des mots sur tout ce dont on se doute et bien plus encore. De pages en pages, j’ai découvert plus en détails ce que je percevais de l’atmosphère aux USA, des relations entre les hommes et les femmes, des magouilles politiques, des combats à mener, parce qu’il ne faut pas rêver, Eddy le rappelle, même Obama n’a pas de fait de miracles …
J’ai énormément apprécié qu’Eddy partage sa démarche, qu’il décortique son raisonnement face à certaines situations, même vécues quand il était plus jeune. J’ai notamment remarqué que son cheminement l’avait amené à enlever « ses lunettes roses » alors que son Papa faisait l’inverse.
Je ne sais pas comment cet essai sera accueilli dans le pays d’origine de Eddy. Est-ce qu’il sera mis de côté ? Considéré comme un coup de pied dans une fourmilière (qui dérange mais permet d’ouvrir d’autres chemins) ? Je suis persuadée que cette lecture peut donner lieu à des débats très animés. Ce que je sais, c’est que pour moi, il est primordial que des hommes, des femmes, osent, parlent, écrivent et dénoncent ce qui ne va pas.
« Nous ne pouvons que tenter de cicatriser. Et, si ce n’est pas trop tard, espérer. Peu importe le temps que ça prendra. »
NB : message personnel pour Eddy : je suis bien contente d’apprendre que je n’ai pas été la seule à inventer des péchés dans le confessionnal
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Cassiopée- Admin
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Re: [Harris, Eddy L.] Confession américaine
Et hop: dans ma liste! Merci CAssiopée! X
Moulin-à-Vent- Grand sage du forum
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Genre littéraire préféré : Roman historique
Date d'inscription : 07/01/2012
Re: [Harris, Eddy L.] Confession américaine
Merci Cassiopée ! Ton avis m'a donné envie de lire ce livre. Voici mon avis :
Mon avis :
Confession américaine n’est pas tant un livre que j’ai envie d’analyser, qu’un livre que j’ai envie de recommander. Ce n’est pas parce qu’il est court (96 pages) mais parce qu’il nous montre réellement comment les Etats-Unis en sont arrivés là – et cela nous fait remonter à loin. Cela nous fait remonter aussi à des événements qu’en France nous ne voyons (du moins, c’est mon point de vue) que d’un biais cinématographique : la guerre du Vietnam. Je ne savais pas que les forces de l’ordre avaient tiré et tué des manifestants contre la guerre du Vietnam, je ne savais pas que de nombreux ouvriers américains avaient été pour cette répression, avaient même été félicités par des hommes politiques pour cette attitude, pour leur contre-manifestation. En France, Didier Eribon se questionne sur la fin de la classe ouvrière. Eddy L. Harris, qui vit en France depuis plus de vingt ans, se questionne sur le moment où la classe ouvrière américaine a commencé à lutter contre ses intérêts, cette même classe ouvrière, populaire, qui vote Trump aujourd’hui.
L’auteur nous montre comment, à force de promesses électorales qui ont été crues et, il faut bien le dire, qui ont été appliquées, la société américaine en est arrivée là où elle est, les plus pauvres toujours plus pauvres, les plus riches toujours plus riches (et j’ai parfois l’impression que la société française tend vers le même résultat, avec le même mécanisme), comment, finalement, les hommes politiques ont réussi à stigmatiser toute une partie de la population, à en faire des boucs émissaires parfaits. L’auteur ne rentre pas dans les cases dans lesquelles on veut le faire rentrer. Il est américain, il n’est pas afro-américain, il ne veut plus de toutes ses subdivisions qui empêchent le pays de faire réellement nation, quitte à ce que son opinion choque, détonne. Il n’est pas sans me rappeler Rumeurs d’Amérique d’Alain Mabanckou auteur qui avait lui aussi été confronté à la notion des origines et du racisme ambiant (y compris de la part de la communauté afro-américaine).
L’auteur veut encore espérer, veut croire qu’il est encore possible que les choses changent, même si des occasions ont été manquées. Il faut l’espérer aussi.
Mon avis :
Confession américaine n’est pas tant un livre que j’ai envie d’analyser, qu’un livre que j’ai envie de recommander. Ce n’est pas parce qu’il est court (96 pages) mais parce qu’il nous montre réellement comment les Etats-Unis en sont arrivés là – et cela nous fait remonter à loin. Cela nous fait remonter aussi à des événements qu’en France nous ne voyons (du moins, c’est mon point de vue) que d’un biais cinématographique : la guerre du Vietnam. Je ne savais pas que les forces de l’ordre avaient tiré et tué des manifestants contre la guerre du Vietnam, je ne savais pas que de nombreux ouvriers américains avaient été pour cette répression, avaient même été félicités par des hommes politiques pour cette attitude, pour leur contre-manifestation. En France, Didier Eribon se questionne sur la fin de la classe ouvrière. Eddy L. Harris, qui vit en France depuis plus de vingt ans, se questionne sur le moment où la classe ouvrière américaine a commencé à lutter contre ses intérêts, cette même classe ouvrière, populaire, qui vote Trump aujourd’hui.
L’auteur nous montre comment, à force de promesses électorales qui ont été crues et, il faut bien le dire, qui ont été appliquées, la société américaine en est arrivée là où elle est, les plus pauvres toujours plus pauvres, les plus riches toujours plus riches (et j’ai parfois l’impression que la société française tend vers le même résultat, avec le même mécanisme), comment, finalement, les hommes politiques ont réussi à stigmatiser toute une partie de la population, à en faire des boucs émissaires parfaits. L’auteur ne rentre pas dans les cases dans lesquelles on veut le faire rentrer. Il est américain, il n’est pas afro-américain, il ne veut plus de toutes ses subdivisions qui empêchent le pays de faire réellement nation, quitte à ce que son opinion choque, détonne. Il n’est pas sans me rappeler Rumeurs d’Amérique d’Alain Mabanckou auteur qui avait lui aussi été confronté à la notion des origines et du racisme ambiant (y compris de la part de la communauté afro-américaine).
L’auteur veut encore espérer, veut croire qu’il est encore possible que les choses changent, même si des occasions ont été manquées. Il faut l’espérer aussi.
Sharon- Modérateur
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Nombre de messages : 13263
Age : 46
Localisation : Normandie
Emploi/loisirs : professeur
Genre littéraire préféré : romans policiers et polars
Date d'inscription : 01/11/2008
Cassiopée- Admin
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Emploi/loisirs : enseignante
Genre littéraire préféré : un peu tout
Date d'inscription : 17/04/2009
Re: [Harris, Eddy L.] Confession américaine
Oui, je l'ai vu et l'émission m'a donné envie de lire son essai. Je n'avais pas vu ces posts qui ne font que confirmer mon ressenti. Merci Cassiopée et Sharon.
lilalys- Grand expert du forum
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Date d'inscription : 11/10/2018
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